Doigby, DominGo : l'interview inédite

Qu'est-ce qui vous a poussé à commencer à streamer du League of Legends ? 

DominGo : Ce qui est génial avec le stream et notre environnement c'est qu'on peut faire des Vlogs sur Youtube avec un appareil à 50 balles. Nous dans le streaming ce qu'il faut c'est un PC correct et une caméra. Moi j'ai démarré en regardant principalement Ocelote (CEO de G2) et justement j’étais fan, je trouvais ça trop cool ce qu'il faisait et je me suis demandé pourquoi je n'essayerai pas.

Donc j'ai commencé à base de 5 FPS dans les team figths avec 5 viewers, le chiffre 5 on le kiffait. Ces premiers moments où tu discutes avec des gens que tu ne connais pas du tout et que tu crées petit à petit ta communauté, c'est vraiment quelque chose à part et que j'ai adoré donc j'ai continué. J'ai commencé à ouvrir un Youtube pour les gens qui n'étaient pas sur le live et ça s'est développé et puis bah on a grossi. En gros j'ai essayé, j'ai testé, j'ai accroché et j'ai continué et depuis ça reste du plaisir.

"J'avais envie de montrer ce que je valais pour pouvoir percer compétitivement"

Doigby : Moi aussi ça reste beaucoup de plaisir, principalement ce qui m'a fait démarrer c'est le streaming, déjà j'étais un gros joueur de League of Legends, je jouais énormément par plaisir et par envie compétitive. Derrière j'ai découvert le monde du streaming par des anciens joueurs pros comme HotshotsGG, Reginald qui sont maintenant les patrons de CLG et de TSM mais à l'époque c'était eux les vedettes. Moi j'avais envie de montrer ce que je valais pour pouvoir percer compétitivement. 

J'ai été très rapidement contacté par Millenium qui à l'époque était la seule structure française qui proposait des Web TV avec O'Gaming, mais c'était deux choses à part. Ils m'ont donc proposé de le faire sur leur Web TV où il y avait entre autre Zerator, Tweekz et Lege. J'ai donc commencé à streamer pour appendre aux viewers à jouer, montrer mes astuces, montrer ce que je savais faire, expliquer pourquoi je le faisais donc c'était vraiment du stream didactique. De fils en aiguilles je me suis investi en devenant caster puis joueur, puis coach et après je me suis remis dans le stream. À la base c'était pour apprendre aux gens à jouer.

Comment votre histoire d'amour a-t-elle démarré ?

DominGo : Avant c'était très différent je le connaissais, mais lui devait pas trop me connaître. Je suis allé chez Eclypsia et lui était chez Millenium, donc c'était vraiment les guerres, mais maintenant c'est un peu en mode "tout le monde s'aime bien" parce qu'on est tous à Paris du coup on se voit. Dans le streaming c'est un peu plus naturel donc c'est déjà positif et puis aussi un soir on s'est un peu "foutu sur la gueule" et il a gagné, du coup on est devenu pote.

"Un soir on s'est un peu "foutu sur la gueule" et il a gagné, du coup on est devenu pote"

Doigby : On se croisait pas mal de fois dans les conférences, sans avoir trop l'opportunité de discuter donc on se connaissait sans vraiment se connaître. C'est grâce à Zerator et son projet où on a eu l'occasion de faire une lane ensemble, c'était la première DH Tours et on avait plutôt kiffé, c'est comme ça que ça a commencé. Après je suis revenu sur Paris suite au rachat de Millenium par Webedia donc on a pu approfondir cette amitié et ça c'est fait très rapidement et très naturellement. Cette année-là il avait plus dormi chez moi que chez lui donc j'ai entretenu cette personne.

Que pensez-vous de l'évolution du jeu ? 

DominGo : Il y a toujours des moments où le changement va être difficile à être accepté, rien que visuellement avec la refont de la map en saison 4, ça nous avait fait vraiment bizarre et au final on voit des trucs de l'époque et on se dit "Ah ouais on jouait là-dessus". Donc finalement c'est positif et la force de Riot qui fait que tout simplement le jeu League of Legends reste numéro 1 c'est que ça bouge tout le temps, on n'a jamais l’impression de jouer au même jeu, il y a 130 champions avec des métas fortes avec certains et d'un coup on passe aux assassins, aux tanks... Ça bouge tout le temps et c'est ça qui permet de ne pas trop nous lasser.

"Pour moi Riot a besoin de faire ça et doit faire ça pour continuer à faire briller les yeux de leurs joueurs"

Doigby : Cette saison-là, il y a énormément de changement, je pense que c'est la saison qui a subi le plus de changement en terme de jeu pur. La jungle a totalement changé, sachant que c'est l'épicentre du jeu, du coup toutes les lanes vont devoir s'adapter à ces nouveaux teaming. On a vu les joueurs pros qu'étaient en mode "C'est un gros bordel, on a peur de perdre notre place" parce qu'on sait qu'il y a des métas qui correspondent très bien à certains et pas à d'autres. Donc c'est un gros changement, mais pour moi Riot a besoin de faire ça et doit faire ça pour continuer à faire briller les yeux de leurs joueurs. Donc on crée de nouveaux champions pour "faire passer le temps", mais les vrais moments c'est les présaisons où le jeu redevient très intéressant.

Avez-vous un concept de champions que vous aimeriez voir sur League of Legends ? 

DominGo : C'est assez intéressant, parce qu'il y avait pas mal d'idées sur les concepts de nouveaux champions sur Lol, avec récemment Ivern qui pose des bush ce qui est assez novateur. Le souci c'est que si c'est trop "WTF" ça peut être très compliqué à équilibrer enfaîtes, mais il manquerait peut-être un drain de mana, quelque chose comme ça, mais après ça sera aussi compliqué parce que si tu joues contre un champion qui n'en a pas forcément ça sera un peu bloqué, mais je vais bosser sur la question.

Doigby : C'est vrai que c'est quelque chose qu'on ne pense pas forcément, mais maintenant si on pouvait avoir un champion à mon effigie, un champion avec de grosses statistiques, évidemment afin de pouvoir me retrouver dedans et avec pas mal de musculations évidemment. Après pas spécialement, mais j'aime bien tous les champions qui ont un style dynamique donc si je pouvais imaginer un champion, il aurait beaucoup de dash et de dégâts et qui te casserait la gueule à chaque fois que je te croiserai.

Que pensez-vous de ces nouvelles arrivées comme le PSG, l'OL ? Est-ce que ça peut être inconvénient pour vous ?

Doigby : Pour moi ce sont des points très positifs, ça fait des années que l'esport est clairement en train de grimper en termes de chiffres. Aujourd'hui les grandes marques s'y intéressent, les clubs aussi, tout comme de nombreuses personnes fortunées donc il y a un côté un peu dangereux à ça. Il faut que nous acteurs de la scène depuis des années, qui faisions ça avant par passion sans forcement en gagner notre vie, uniquement parce qu'on kiffait et aujourd'hui on a la chance de pouvoir gagner notre vie avec notre passion, on doit quand même faire attention à ce que les valeurs de l'esport ne changent pas.

En même temps on ne peut pas leur fermer la porte et faire blocus parce qu'on a besoin de ce qu'ils vont nous apporter en terme de professionnalisme et de moyens. Et puis on ne pourra pas grossir sans eux, là on a un peu atteint le pic, on voit maintenant avec tous les streamers et les structures, tout à l'air de se ressembler alors qu'il y a plusieurs années il y avait quand même pas mal de choses différentes, maintenant c'est vrai que le modèle a l'air plutôt de se ressembler, mais pour passer à un niveau supérieur, il va falloir laisser entrer ces acteurs-là tout en les drivant un petit peu.

Moi je trouve ça très positifs s'ils apportent leurs touchent et qu'ils ne souhaitent pas en faire plus, en mode "imposés des choses". Mais ça reste quand même quelque chose de
dangereux qui faut gérer.

"Quand on est fan du club de Marseille depuis tout petit, est-ce qu'on peut supporter le PSG Esports ?"

DominGo : C'est super intéressant l'arrivée des sports et surtout en Europe. On a vu deux modèles différents où aux États-Unis ce sont des milliardaires qui possèdent des clubs comme Marc Cuban, Mr Echo Fox, qui possède justement des clubs de NBA ou encore Shaquille O'neal avec RNG et qui vont donc créer des franchises esports.

En Europe ça c'est développé autour de FIFA, forcement tous les clubs se sont dit "Il y'a des gens qui jouent et qui gagnent sous nos couleurs, pourquoi est-ce qu'on n'irait pas  là dedans". Ils ont pris un peu ce marché via FIFA en se développant sous d'autres jeux comme League of Legends, mais il faut faire quand même attention à ce que l'esport ne devienne pas un sous sport et que ça ne soit pas une filiale basse.

C'est quelque chose à part, de différent et il faut aussi qu'on puisse montrer le caractère de l'esport, même s'il y a des similitudes avec le sport, on n'est pas du foot, on est quelque chose d'autre. C'est là-dessus qu'il va falloir qu'on fasse attention et le modèle américain est intéressant parce qu'ils ont compris ça très vite et typiquement on arrive à se poser cette question, quand on est fan du club de Marseille depuis tout petit, est-ce qu'on peut supporter le PSG Esports ? Donc ce sont des choses qui se crée et c'est dommage d'avoir une limite, mais ça va se développer de plus en plus.

Je trouve ça super bien dans un premier temps qu'on en soit arrivé là, qu'on puisse toucher la plus grande cible et qu'on puisse intéresser un autre public. Je suis content tant que ça se développe positivement et qu'encore une fois c'est dans cette optique de : jouer aux jeux vidéo c'est possible, de faire des compétitions de jeux vidéo c'est aussi possible et de vivre sa vie dessus c'est possible aussi et ça devient de plus en plus normal.

Est-ce que la team Indispensable est terminée et il ne reste que la Stream Team ou les deux équipes sont encore d'actualité ?

DominGo : C'est un peu la même idée tout ce qu'on fait dans le stream, c'est fait sur des coups de tête. C'est-à-dire que la team Indispensable on s'est dit que comme on va tout le temps en lane avec Zerator etc. pourquoi on y retourne pas ? Ce n'est pas vraiment un truc qui s’arrête, c'est juste un petit groupe qu'on a voulu créer et on a aussi notre petit groupe sur Twitch, c'est voilà un peu les indépendants qui n'ont pas une Web TV qui les régit ou autres et du coup ça nous permet de temps en temps de nous regrouper et de streamer ensemble et de faire des événements ensemble. En l’occurrence, en ce moment c'est la Stream Team, ce qui est possible c'est qu'on fasse une lane ensemble et après un truc avec Zerator, c'est vraiment ce côté un peu libre, un peu Indispensable. D'ailleurs, normalement, on ira à la Lyon E Sport avec la Stream Team.

Qu'est-ce que ça fait d'avoir un move à son nom ? 

DominGo : La Domingo c'est un truc que je n'ai pas trop su contrôler. Le vrai moment c'était à la viewing party au Bellucci avec O'gaming, c'était pour la finale des LCS EU et Amazing a flash dans le mur et là tout le monde a crié "Domingo Domingo" c'était assez fou et c'est assez marrant !

Doigby : Le Steal Nashor est devenu ma spécialité en ce moment, j'ai un peu forcé tout simplement. J'avais cette facilité à surprendre lors de ce moment et j'ai fait en sorte de le tourner pour que le public l’apprécie et faire comme les copains pour avoir son petit truc à soi. Le steal Nashor, j'aime bien parce que c'est un petit duel de cow-boy pour moi. Lors des conventions lorsque les gens crient "Doig Doig"c'est très surprenant au début, mais on apprécie.

Et le rap dans tout ça ? 

Doigby : Le rap c'est très compliqué, j'ai pas mal de propositions de label, mais je mets ça pour l'instant de côté. C'est toujours dans l'envie de se marrer, de faire de la musique avec les potes de façon gaming. On se marre et on fait marrer les gens c'est ça qu'il y a de plus important sur internet.

Si demain League of Legends disparaît, qu'allez-vous streamer ? 

DominGo : Par rapport aux streams, nous on stream du Lol parce que c'est un kiff, on a beaucoup joué à un seul jeu dans notre vie. J'ai débuté avec COD, mais quand je lance le pc j'ai envie de jouer à Lol et pas forcément envie de jouer à un autre jeu. Beaucoup dans mes lives, je joue à d'autres jeux avec mes potes, mais jamais je me forcerai à jouer à d’autres jeux pour avoir le côté multigaming, parce qu'il y aura pas de plaisir. Pour l'instant on ne se pose pas forcément cette question, on joue beaucoup à H1Z1 parce que c'est un jeu qui nous fait plaisir et qu'on n'a pas l'impression de le streamer, c'est juste comme Lol. Mais je pense que League of Legends a encore un bel avenir.

"Si les gens décrochent, on décrochera forcément"

Doigby : Il y a quelques années on se disait déjà que League of Legends allait mourir. Tant que Riot ne fait pas de mauvais move, le jeu ne pourra pas disparaître du jour au lendemain. Ça veut dire qu'on a déjà une marge de manœuvre jusqu'au moment où on va sentir que le jeu devient de moins en moins populaire. Si les gens décrochent, on décrochera forcément.

League of Legends c'est un vrai plaisir, mais on s’empêche pas d'aller sur d'autres jeux parce qu'on est juste des gens qui aiment passer du bon temps sur internet en jouant entre potes. SpeedRunner est un bon exemple, parce qu'on est des joueurs compétitifs, même si on n'est pas là pour aller aux LCS. On est des compétiteurs, on a fait beaucoup de sport collectif et on a retrouvé ces valeurs-là dans League of Legends parce qu'il y a ce côté compétitif où on joue contre des êtres humains. Il y a ce côté plaisir collectif quand tu gagnes et aussi des défaites que tu subis ensemble et ça aussi c'est plutôt cool au niveau des valeurs.

Tu as aussi le plaisir personnel, tu peux avoir une ambition personnelle dans un jeu collectif comme au sport, c'est-à-dire que tu as envie de décupler tes performances et en même temps tu as envie d'améliorer ton collectif. Et ça, ce sont des choses qu'on retrouve dans le sport traditionnel, qu'on aime beaucoup et qu'on va avoir besoin dans les autres jeux.